Inspiré des Nouveaux Réalistes, le processus créatif de Prosper Legault se développe en 3 temps :
COLLECTER – ASSEMBLER – MONTRER
L’acte premier consiste à prélever dans la ville des objets (ramasser, récupérer, photographier). Une collecte qui se fait au gré du hasard, motivée par une idée ou portée par une intuition.
Le jeune artiste scanne la ville, conduit par l’urgence d’extraire du réel des objets qui vont potentiellement disparaître demain.
Il s’agit de les soustraire au circuit de l’activité humaine.
Contrairement à Marcel Duchamp, dont le choix qui conduit le processus créatif du ready-made est fondé sur « une réaction d’indifférence visuelle, assortie au même moment à une absence totale de bon ou de mauvais goût… », Prosper choisit les objets pour leur forme, leur matière, leur potentiel esthétique ou leur valeur symbolique.
De retour à l’atelier, il observe, il envisage, il digère ces productions sociétales qui constituent sa palette.
Réunir, juxtaposer, imbriquer, mélanger, …
Des artefacts collectés émerge peu à peu l’oeuvre sous forme de sculpture ou d’installation.
Formé à l’ébénisterie et la chaudronnerie-serrurerie, Prosper intègre à sa pratique des techniques d’assemblages issues de l’artisanat et de l’industrie. Par l’introduction de ces techniques il élargit son champ d’expérimentation en faisant des ponts entre la vie professionnelle que qu’il a connue sur les chantiers et le processus créatif artistique.
Une relecture d’un monde en perpétuel mouvement…
Aujourd’hui, la société de consommation et le monde des médias produisent, dans un flux ininterrompu, une quantité massive de contenus, d’informations, de bruits. Images et symboles qui nous sont imposés.
Par l’agencements de matériaux hétéroclites, d’objets disparates, l’artiste propose une relecture du réel.
Une mise en perspective, où des touillettes à café côtoie des cartes de stockage de téléphones Nokia, où le logo de BMFTV dialogue avec à des coupures de journaux chinois, où les pokémons et autres personnages de Dragonball prennent place aux côtés de la figure du Christ.
Prosper produit des aberrations (visuelles, sémiotiques). Par la réappropriation de ces objets devenus des symboles communs et partagés, il invite chacun à se questionner sur leur sens et les représentations du monde qui en découlent .
Une fois finalisée, la pièce est montrée au public.
Soumise à l’oeil du regardeur, il l’envisage comme une proposition, « autrement dit, la possibilité d’un autre monde derrière celui que l’œuvre actualise finalement. » (Philippe Ortel, Discours, image, dispositif)
Loin du pessimisme ambiant, Prosper Legault envisage son travail comme un témoignage joyeux des anomalies de notre société, emprunt de décontraction et de distance.
///
octobre 2018